CLAUDE GUEUX, plaidoirie éloquente de Victor Hugo contre la peine de mort et pour l'éducation des peuples.

"Claude Gueux, honnête ouvrier naguère, voleur désormais, était une figure digne et grave. Il avait le front haut, déjà ridé quoique jeune encore, quelques cheveux gris perdus dans les touffes noires, l’œil doux et fort puissamment enfoncé sous une arcade sourcilière bien modelée, les narines ouvertes, le menton avancé, la lèvre dédaigneuse. C’était une belle tête. On va voir ce que la société en a fait ".

Victor Hugo s'est servi de la parution dans une gazette de 1934 d'un fait réel incrimant un homme, nommé Claude Gueux, condamné à mort pour vol puis pour meurtre, pour exposer sa plaidorie contre la peine de mort. Rappelons qu'au début de la Révolution de 1848, il est nommé maire du 8^e arrondissement de Paris, puis député de la Deuxième République et siègea parmi les conservateurs.

Dans le livre très court, l'auteur expose tout d'abord les faits avec clarté, sans parti pris : "Voyez Claude Gueux. Cerveau bien fait, cœur bien fait, sans nul doute. Mais le sort le met dans une société si mal faite, qu’il finit, par voler ; la société le met dans une prison si mal faite, qu’il finit par tuer",  puis enchaîne par sa plaidoirie grandiose.

Les mots sont choisis, percutants, la tension monte, Claude Gueux apparaît tout à la fois comme le héros et la victime, on attend le dénouement, violent, on le sait et on le veux ! S'ensuit un procès absurde et inique. Un livre éblouissant, d'une qualité d'écriture rare. Même ceux qui n'aiment pas lire ne peuvent pas trouver l'excuse que c'est trop long ; 40 pages pour un chef-d'oeuvre. A lire, à lire, à lire absolument, rien que pour découvrir la grandeur du raisonnement du Victor Hugo pour amener les politiques à prendre conscience d'un fait grave et réel : le problème ce n'est pas le meurtrier mais la société et l'éducation. Je résiste à l'envie de vous mettre encore des passages car vous n'aurez plus de raison de le lire vous-même.

Auteur : Victor Hugo (1802-1885), écrivain romancier français, homme politique

ma note : 10/10

"La peine de mort est le signe spécial et éternel de la barbarie".

Discours à l’Assemblée constituante, 15 septembre 1848

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Existe aussi en version audio, très agréable à écouter avec la voix grave et envoûtante de J.Claude Dauphin et la préface de Robert Badinter.